Editions Julliard 2001
152 pages
Mon Ange,
Acheter ce livre était une chose, le lire en était une
autre, je ne le savais que trop bien...
Il s’est passé presque deux ans
avant que je puisse tourner cette première page. Deux ans pour que cette
douleur s’atténue un peu, qu’elle soit plus douce pour accepter l’inacceptable.
Je savais que ces pages auraient l’effet d’un boomerang, une explosion de
souvenirs qui me remettait face aux méandres de ton silence, ton absence, du
manque et de ce parcours cruel que fut notre chemin. Je te savais condamné, tu
étais plein d’espoir. Je t’ai tenu la main et quand nous sommes arrivés tous
deux au point de non-retour, comme un grand frère débordant d’amour, tu as
commencé à lâcher ma main, je l’ai retenue. Encore un peu s’il te plait. J’étais
prête selon toi. Alors comme un brave petit soldat, c’est seul que je t’ai
laissé franchir cette porte, un lâcher prise, vers l’inévitable, mon frère
vient de mourir.
31 juillet, Thomas meurt. Voilà
les premiers mots de ce livre qui s’enfoncent comme un poignard. Plus j’ai mal,
plus je poursuis cette marche funèbre, plus je m’enfonce dans un abysse de
souffrance. Malgré la douleur, je continue comme pour me punir d’avoir un cœur
qui bat encore alors que le tien n’est plus. Les larmes, les sanglots
m’assaillent et puis ma gorge se noue, se serre, prête à m’étouffer,
j’abandonne. Chaque ligne de ce livre me rappelle à toi, chaque phrase sonne le
glas, chaque mot se diffuse comme un poison. INSOUTENABLE. Je n’ai pu finir ce
livre. Trop déchirant, éprouvant. J’étais de nouveau au bord du précipice. C’est
trop profond, cette douleur est trop lourde, ça fait encore trop mal. Pourtant que Philippe Besson
me pardonne car ce récit est d’une intensité rare. Un face à face empreint de
souvenirs magnifiques. Sa plume est pure, délicate, son écriture est sincère,
chaque mot, chaque parole transpirent l’amour, le respect et la pudeur. Une trop
forte émotion l’a emporté sur tout le reste. L’auteur raconte le douloureux
parcours de Lucas et de Son Frère malade, Thomas. Il va mourir, il le sait, nous
le savons. Dans cette chambre d’hôpital, ce n’était plus Lucas et Thomas, c’était
toi, moi et ce putain de bip qui ne cessait de ralentir. Le retour du boomerang
était trop violent, j’ai refermé ce
livre, j’ai jeté l’éponge…
Alors que dire de plus sans tomber
davantage dans le pathos ? A ceux qui ont perdu un frère, attendez peut-être
un peu que le temps cicatrise les blessures. Pour les autres, lisez-le,
chérissez-le, ce livre est d’une beauté
extrême qui vous fera aimer la vie.
J’ai compris aujourd’hui comme
Lucas, que l’on ne guérit jamais d’une telle absence. On vit avec. Chaque jour
quelque chose nous rappelle, Thomas, Toi. Une chanson, un parfum, un portable
qui ne sonnera plus.
Lundi 19 septembre 2011 2h20 _____________________________________________________
La vie ne sera jamais plus la même.
Mes marque-Pages :
"Je croyais que la mort survenait toujours en hiver, qu'il lui fallait le froid, la grisaille, une sorte de désolation, que c'est seulement ainsi qu'elle pouvait se sentir sur son terrain. Je découvre qu'elle peut tout aussi bien exercer sa besogne en plein soleil, en pleine lumière. Je songe que Thomas l'accueillera en pleine lumière".
"Ai-je jamais été aussi proche de lui qu’aujourd’hui ? J’ai beau connaître notre intimité, qui date du premier jour, qui ne s’est jamais démentie, qui donne tout son sens au mot fraternité, il me semble que notre proximité n’a jamais été aussi grande que dans ces instants qui sentent la fin".
"Voilà. Il faut retrouver cette terreur, désormais presque familière. Il faut vivre avec cela, la peur que tout s’arrête, en une minute, que l’hémorragie survienne et l’emporte. Je songe qu’à tout instant, la tête pourrait partir en arrière, explosée de sang, comme si elle avait été atteinte par une balle tirée de loin".
"J'ai approché mon visage au plus près du sien. Le souffle chaud de mon haleine a glissé sur sa rigidité de cadavre. Mes lèvres ont embrassé sa joue. Sa peau s'est fissuré sous mon baiser".
Mon post it :
Pour lire le sublime billet du_Bison c'est Ici
Mon buvard à émotion :
A mon Ti A.... Merci de tes mots " Il est parfois des choses dont il faut se libérer"... C'est fait. Merci d'être toi, Merci d'être là.
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