Traduction : Myriam Dartois-Ako
Les éditions Philippe Picquier
2013
« Chaque gorgée faisait s'épanouir une prairie fleurie dans mon corps. Je ne m'imaginais pas encore très bien ce qu'était le paradis, mais si, à ses portes, on m'offrait ne serait-ce qu'une gorgée de ce champagne, j'y resterais sûrement pour l'éternité. »
Jamais un roman ni un livre de
recette digne d’un grand chef étoilé n’avait autant excité mes papilles
gustatives. Un florilège d’arômes vous enivre durant la lecture, vous met en
appétit et embaume votre cœur. Les descriptions culinaires y sont si bien
décrites que chaque page vous met l’eau à la bouche.
Ce roman ne parle pas de cuisine à
proprement parlé mais d’une histoire d’amour entre Rinco, une japonaise de 25 ans, et sa passion pour l’art
culinaire qui guérit de tout. A la suite d’une déception amoureuse Rinco perd
sa voix.
« … Ma voix était devenu
transparente... Elle avait purement et simplement disparu de mon organisme.
Comme quand on baisse le volume de la radio à zéro. La musique et les voix
vibraient en moi, mais rien ne sortait. J’avais perdu ma voix. Ca ne me manquait
pas. J’avais l’impression que mon corps s’était allégé. »
C’est avec une jarre de saumure
héritée de sa grand-mère, comme seule compagne de voyage, qu’elle quitte tout
pour retrouver son village, sa terre natale qu’elle n’a pas revue depuis 10
ans. Un retour en arrière qui la replonge dans un passé douloureux, vers un avenir
incertain et une mère dépourvue de tout sentiment.
« Ma mésentente avec ma mère était
précisément cette boue en moi, mais si je demeurais sereine, elle ne salirait
pas tout mon cœur. Donc, je faisais en sorte d’éviter ma mère le plus possible.
En un sens, je m’appliquais à ignorer sa présence. J’étais convaincue que
c’était là le seul moyen de garder le cœur pur. »
Pourtant ce retour aux sources
sera le début d’une rencontre, d’une thérapie, d’une douce vérité qu’elle était
loin d’imaginer. Rinco sera bercée par le souvenir bienveillant d’une
grand-mère qui lui a transmis l’amour d’une cuisine chaleureuse et salvatrice. De l’autre subsiste le regard amer d’une mère froide
et frivole qui a bien des égards la conduira au sommet de son art.
Un premier roman prometteur
devenu un best-seller au Japon. C’est toujours avec surprise et émotion que je
découvre la littérature et la culture japonaise.
Il en découle toujours une humilité et
une sagesse qui me fait du bien. L‘écriture d’Ito OGAWA est lyrique et
enchanteresse. Quand elle décrit les mets sur la table dressée, c’est un pur
moment de poésie me faisant monter les larmes aux yeux. On y découvre la place
prépondérante de la gastronomie dans la culture japonaise,
un lien important dans la tradition nippone et un trait d’union entre les
hommes et les femmes.
Un bon plat mitonné avec amour sauve de tout.
Le restaurant de l’amour retrouvé, une pincée de sincérité, un zest
de passion, une bonne dose d’amour et de désir pour un livre qui se savoure et
vous laisse une douce et délicate saveur sur le palais !
Mot de faim :
« Un repas, c’est parce que quelqu’un d’autre le
prépare pour vous avec amour
qu’il nourrit l’âme et le corps »
Post-it :
Je te remercie
Lydie de m’avoir ouvert les portes de ce restaurant Japonais « L’escargot ». A travers ce livre j’ai pris le temps de me
pauser, savourer le temps et déguster ce
moment de poésie. Je tiens à te remercier également de m’avoir ouvert grand les
portes de la médiathèque de notre si joli village. Merci pour ces cafés et tes CARenSAC
qui guérissent de tout.
Je ne pouvais clore
ce billet sans une petite pensée chaleureuse pour ta Grand-mère qui comme celle
de Rinco t’a transmit l’amour de la vie et de la poésie.
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